Lisaboa Houbrechts
Metteuse en scène
Lisaboa Houbrechts (°1992) a obtenu son Master en Art dramatique en 2016 à la School of Arts|KASK à Gand. Elle est auteure et metteuse en scène d’oeuvres théâtrales à l’intersection des arts visuels, de l’opéra et du théâtre de texte. Houbrechts évoque l’histoire et le répertoire classique dans un geste rituel et situe l’être humain dans une chaîne de passions. Les spectacles de Lisaboa Houbrechts sont baroques, brutaux, mais aussi ludiques et désarmants. « Du théâtre ensorcelant et provocateur » estime le quotidien De Morgen à propos du spectacle total Bruegel (2019). Ensemble avec le compositeur Fabrizio Cassol elle a créé I Silenti (2021). Le spectacle musical bouleversant part de l’histoire particulière du musicien Tcha Limberger liée à l’holocauste rom. I Silenti est un poème qui ne parle pas seulement des Roms, mais de tous ceux à qui on impose le silence. Pour le moment Lisaboa écrit une trilogie, dont la première partie Pépé chat; ou comment Dieu a disparu est produite par La Geste* avec la première début 2023 à l’Opera Ballet Vlaanderen.
Lisaboa Houbrechts a créé ses premiers spectacles comme auteur et metteuse en scène du collectif gantois d’artistes Kuiperskaai. Caractéristiques étaient dès le début un grand cast, une interaction capricieuse entre image et texte et un croisement intelligent de différents genres: performance, musique, chorégraphie, littérature et arts visuels. Comme l’ont déjà fait apparaître les premières créations de Kuiperskaai, entre autres, De Schepping/The Creation (2013) et The Goldberg Chronicles (2014), qualifiées par la presse « d’immense clash d’énergies : la langue est couleur, le jeu est image, la musique est peinture. » En 2016, elle a fait grande impression avec son adaptation étourdissante de The Winter’s Tale de Shakespeare et en septembre 2017 a eu lieu la première de 1095 d’après un texte de Victor Lauwers. « Audace et plaisir de jeu en jaillissent », écrit Lotte Philipsen dans Knack.
Dès 2017 Lisaboa a travaillé dans le trajet pluriannuel P.U.L.S. (Project for Upcoming talent for The Large Stage) de Toneelhuis. Dans son adaptation très personnelle de Hamlet (dont la première a eu lieu en 2018 à Love at first Sight III) elle place la perspective féminine au coeur à travers le personnage de Gertrude, la mère d’Hamlet.
Bruegel (2019) voyage dans le temps pour brosser un portrait kaléidoscopique de Pieter Bruegel l’Ancien et de son époque. La figure clé est cependant Margot la Folle, la plus fameuse création de l’ancien maître : cette femme injuriée et traitée « d’hommasse » parce qu’elle pillerait pour le compte de l’enfer. Dans l’interprétation d’Houbrechts, elle tente au contraire de sauver ces objets – des témoignages de vies vulnérables et anonymes – de l’effet de broyage qu’exercent l’Histoire et les forces qui déterminent son cours. En même temps, Margot doute, avec un désespoir croissant, de son identité. Transcendant toute pensée binaire, ce spectacle traite du désir d’accepter comme fluide, d’embrasser et de proclamer ce qu’on qualifie encore d’ambigu et de blâmable. La musique – aussi bien les parties composées qu’improvisées – interprétée sur scène contribue à cette démarche : elle engage un dialogue captivant avec le théâtre virevoltant qui nous est donné à voir sur scène. Harmonia Sacra, l’ensemble baroque de Valenciennes, et le joueur de kamancheh Mostafa Taleb assurent la riche palette musicale qui s’étend sur plusieurs siècles.
Houbrechts réaffirme l’attention qu’elle porte à la musique interprétée en direct sur scène dans la mise en scène du spectacle touchant I Silenti de Fabrizio Cassol (2021). Celui-ci a rencontré Lisaboa Houbrechts lors du stage au ballets C de la B qu’elle a effectué dans le cadre de la production Requiem pour L. – une création conjointe d’Alain Platel et Fabrizio Cassol – et l’a invitée à mettre en scène I Silenti au théâtre de Namur. Cette histoire particulière a pour point de départ le personnage de Tcha Limberger, un célèbre musicien rom aveugle. I Silenti lie le Porajmos, le génocide oublié des Roms pendant la Seconde Guerre mondiale, avec des extraits de madrigaux de Monteverdi qui parlent d’amour et de guerre. Deux univers en dialogue l’un avec l’autre qui finissent par se fondre. Un ensemble exceptionnel de chanteurs et de musiciens entoure Limberger, pendant
que la danseuse indienne Shantala Shivalingappa évoque des echos de la mère perdue, de l’origine perdue de Tcha et son peuple.
A ce moment Lisaboa Houbrechts écrit une trilogie, une saga familiale qui se déroule entre 1930 et 2010. La première partie Pépé Chat; ou comment Dieu a disparu est une production de La Geste* et la première est début février 2023 à l’Opera Ballet Vlaanderen de Gand.