Quelles sont les stratégies de l’enfance pour résister aux violences contemporaines ? Liant fantasmatique nocturne et investigation sur des faits de société, Léa Drouet et Camille Louis se placent à hauteur d’enfant dans une mise en scène précise et sensible.

Des enfants, âgés entre 8 et 10 ans, sont arrêtés chez eux pour « apologie du terrorisme », d’autres sont la cible de violences institutionnelles telles qu’elles se déclenchent face aux enfants jugés “différents, d’autres encore sont “rapetissés” par l’école républicaine censée les “élever”, les éduquer et les former…. Par-delà le choc médiatique de ces affaires et d’autres moins connues, J’ai une épée offre une vue alternative sur l’enfance, les mondes qu’elle génère, et l’auto-défense qu’elle active à travers ceux-ci. Dans une scénographie de tissus pailletés qui contrebalancent la cruauté de certains des faits rapportés, la metteuse en scène-performeuse fait coexister des situations d’enfance qu’habituellement on tient séparées: les abus des grands, les violences des institutions mais aussi les fabulations par lesquels les enfants se redonnent des armes, du courage et de l’élan pour résister et inventer autrement. Ici, pas de victime à protéger, pas de « petit héros » à célébrer, mais des sujets à part entière, abordés avec éthique et attention située.